Le virus de Marburg a l’épreuve du système sanitaire équato-guinéen
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Alors que le monde entier en général et l’Afrique en particulier font encore face à la Covid- 19, une autre maladie crée la psychose : la maladie à virus de Marburg. Cette maladie qui sévit depuis plusieurs mois en Guinée Equatoriale, a déjà fait, à date, une vingtaine de morts selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).  Toutefois, le pays tout en entier a entrepris un certain nombre d’actions pour juguler cette nouvelle crise sanitaire.

Le 07 février 2023, l’alerte est donnée dans la province de Kié-Ntem, partie frontalière de la Guinée Equatoriale avec le Cameroun et le Gabon. Le 13 février, une flambée du virus de Marburg est confirmée dans l’Est du pays par les autorités publiques. Le lendemain, a lieu une réunion d’urgence convoquée par l’OMS. Les malades présentent les mêmes symptômes, notamment une fièvre hémorragique proche d’Ebola. Des prélèvements sont effectués et envoyés à l’Institut Pasteur de Dakar et dans d’autres Centres de référence. C’est alors que les analyses confirment le virus de Marburg. En ce moment-là, déjà 9 morts sont survenus et 16 cas suspects enregistrés.  Le 28 février le bilan officiel fait état de 11 morts. L’épidémie déborde l’Est pour toucher les provinces de Litoral et Centro. Le jeudi, 23 mars 2023, l’OMS annonce un bilan de 20 morts dont 6 décès décomptés à Malabo, la capitale politique du pays. C’est fort de cela que des efforts conjugués seront multipliés pour continuer à faire face à cette épidémie.

Des efforts conjoints de la Guinée équatoriale et de l’OMS pour contenir le virus

Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique contre le virus de Marburg. Pour faire face à ce virus contagieux et létal de 24% à 88%, des mesures ont été prises tant par les autorités équato-guinéenes que par l’OMS. La Guinée Equatoriale tire profit de l’expérience dans la gestion des précédentes épidémies d’Ebola, il y a plus de 10 ans. Elle s’était propagée à une dizaine de pays. Entre 2013 et 2016, le virus avait causé la mort de près de 11 300 personnes, un bilan sous-évalué selon l’OMS.

D’abord, la pratique de la réhydratation par voie orale ou intraveineuse permet d’accroître les chances de survie. Aussi, la province de l’Est a été mise en quarantaine afin de contenir l’épidémie. L’OMS travaille avec des experts pour tenter de mettre sur pied un vaccin, un essai clinique en Guinée Equatoriale. Cinq candidats vaccins se présentent, dont deux ont déjà fait l’objet d’essais cliniques préliminaires encourageants. Il s’agit de ceux des firmes Sabin et Janssen. Bien plus, certains médicaments, parmi lesquels des anticorps monoclonaux sont en étude.

De l’origine du virus Marburg

Le virus de Marburg fait partie de la famille des filovirus à l’exemple de l’Ebola. Il doit son nom à la ville allemande de Marburg où il avait été détecté pour la première fois en 1967.À l’origine, le virus s’est transmis de l’animal à l’homme. « On connaît bien le réservoir du virus de Marburg qui est une grosse chauve-souris, la roussette d’Égypte qui est présente dans les régions d’Afrique de l’Ouest, dans les régions montagneuses, et d’Afrique de l’Est », expliquait récemment à un media international, le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux. L’animal qui niche dans des grottes humides ou des mines du continent peut ainsi transmettre le virus à des primates ou des humains à la suite d’une exposition prolongée à leurs fluides ou à leurs excréments. Les singes et les porcs peuvent également être porteurs du virus et le transmettre à l’homme.

Selon l’OMS, ce virus se transmet de l’Homme à l’Homme par de contacts directs avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matériaux contaminés par ces liquides, Il provoque des fièvres hémorragiques accompagnées de diarrhées, crampes abdominales, nausées et maux de têtes intenses. Ainsi, il faut éviter les contacts directs avec du sang, de la salive, des vomissements, de l’urine ou autre liquide organique provenant de personnes atteintes de cette maladie ou d’une autre maladie inconnue.

Outre la Guinée Equatoriale, le virus de Marburg a été signalé au Ghana et en Tanzanie. Certains cas précédents avaient été signalés en Angola (2005, 329 morts), en République démocratique du Congo (1998-2000, 128 morts) ou encore en Ouganda (2007, 2012, 2014, 2017, 9 morts au total) et plus récemment encore en Guinée Conakry, en 2021.

Arnaud Noël Fosso

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