Dès janvier 2024, l’Égypte et l’Éthiopie, tout comme quatre autres pays, rejoindront l’Afrique du Sud et les quatre autres puissances émergentes des Brics. L’annonce a été faite par le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors du 15e sommet annuel des Brics tenu du 22 au 24 août à Johannesburg en Afrique du Sud.
L’Égypte, l’Éthiopie, tout comme, l’Iran, l’Argentine, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, seront bientôt accueillis dans le cercle fermé des cinq puissantes émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le fait pour l’Afrique d’avoir désormais 3 pays faisant partie des Brics, traduit non seulement le dynamisme de l’économie africaine, notamment de ces deux nouveaux membres ; mais aussi, des intérêts géostratégiques à l’échelle mondiale.
Le positionnement géostratégique de l’Egypte et de l’Ethiopie mis en avant
« Les pays ajoutés aux Brics sont des pays qui ont une source de croissance et de positionnement géostratégique dans les nouvelles routes du commerce mondial. » C’est en ces termes que l’économiste international Pape Demba Thiam, ancien de la Banque mondiale, justifie les nouvelles admissions. Bien plus, pour Jean Louis Boillot, président de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), des critères de choix de nouveaux membres des Brics seraient : « le respect de l’équilibre de départ entre les régimes militaires à économie de commandement et les régimes démocratiques à économie de commandement et les régimes démocratiques à économie de marché ; la répartition géographique ; la volonté d’aller vers un ordre multipolaire dédolarisé ». Au juste, si l’Egypte et l’Ethiopie ont été admises à l’unanimité parmi les 6 nouveaux membres des Brics sur 23 candidatures formelles et informelles, cela ne saurait être un fait anodin.
L’Egypte est une plaque tournante de l’économie mondiale. Environ 12% du commerce mondial circulent par le Canal de Suez. L’Egypte en a gagné sur l’année fiscale 2022-2023, près de 8,6 milliards de dollars. L’Ethiopie, pour sa part, reste le siège de l’Union africaine. Sa trajectoire historique et la taille de sa population estimée à 120,3 millions d’habitants ont milité en sa faveur.
Signalons que les Brics ont vu le jour en 2009 après la crise financière mondiale de 2008. Ils représentent aujourd’hui 18% du commerce mondial, 31,5 % du PIB mondial et 40 % de la population mondiale. Ces pays militent en faveur de la reconnaissance d’un équilibre économique et politique mondial multipolaire, en rupture avec les institutions de Bretton woods: la Banque mondiale et le FMI. A moyen terme, ils veulent créer une monnaie afin de se passer du dollar dans leurs échanges, utilisé dans près de 90 % des échanges commerciaux actuels. En 2015, la Nouvelle Banque de développement (NBD) de ce groupe a vu le jour. Cet établissement international, malgré quelques difficultés, a pour but de financer le développement de certaines économies mondiales en leur octroyant des prêts dans leurs monnaies locales.
L’Afrique, à travers ces trois pays membres des Brics, devrait sans cesse défendre ses intérêts dans un contexte mondial bien mouvementé.
Arnaud Noël FOSSO