Approuvée en Assemblée Générale Extraordinaire en novembre 2021, l’« Africa Super League » a été officiellement lancée le mercredi 10 août 2022 à Arusha en Tanzanie, à l’occasion de la 43ème Assemblée Générale Ordinaire de la Confédération africaine de football. Un premier pas dans la concrétisation du projet porté par la CAF avec le soutien de la FIFA. Dans sa matérialisation, cette nouvelle compétition ambitionne de tout bousculer.
100 millions de dollars pour l’organisation de la compétition, 2,5 millions de dollars de prime de participation à chacune des 24 équipes engagées, 11,6 millions de dollars pour le vainqueur, 50 millions de dollars dédiés à l’amélioration des infrastructures, aux questions de financement de clubs, au développement du sport business, du football jeune et du football féminin, 1 million de dollars de fonds de solidarité à chacune des 54 associations membres de la CAF. Des enveloppes colossales, des chiffres hallucinants qui laissent planer le doute sur la soutenabilité de la Super League Africaine que l’instance veut hisser au panthéon des meilleures compétitions continentales interclubs au monde, avec pour ambition de faire entrer le football africain dans une nouvelle ère.
« L’Africa Super League est l’un des développements les plus passionnants de l’histoire du football africain et l’objectif que nous essayons d’atteindre est très clair : le premier est de s’assurer que le football africain de club soit de classe mondiale et rivalise avec les meilleurs au monde. Il s’agit de l’avenir du football africain, il s’agit pour l’Afrique de prendre en charge son avenir. Pour ce faire, nous avons besoin d’argent. (…) Le succès du football de club est basé sur la viabilité commerciale. Pour nous, l’Africa Super League est l’intervention la plus importante pour le développement du football en Afrique ». Patrice Motsepe, Président de la CAF. Présent lors du lancement, le Président de la FIFA Gianni Infantino s’est également réjouit de la mise en œuvre de cette compétition. « La Super Ligue est un projet passionnant et unique et nous sommes heureux d’apporter notre aide et de partager toute l’expérience que nous avons accumulée », a-t-il déclaré.
Cette nouvelle compétition soutenue par la FIFA qui avait pourtant contré début 2021 un projet similaire en Europe devant rassembler douze des plus grands clubs du Vieux Continent, est diversement apprécié par de nombreux dirigeants et légendes du football sur le continent.Pour Barbara Gonzalez, directrice générale du club tanzanien Simba SC, « la Super League africaine s’attaque à deux problèmes, en premier lieu le problème du financement. Le second est l’exposition. Grâce à cette exposition des joueurs africains à la Super League africaine, nos joueurs seront connus au Brésil, en Colombie, aux États-Unis, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. (…) Avec une bonne exposition, nos joueurs peuvent être vendus au double, au triple, au quadruple de leur valeur. »
Malgré toutes ces garanties, le projet est loin de faire l’unanimité. Roger Milla, ancien buteur des Lions Indomptables du Cameroun estime dans les colonnes du journal Le Monde qu’il aurait sans doute été « préférable d’améliorer les deux compétitions qui existent déjà ». Le propriétaire du Cape Town City FC, John Comitis, n’est pas non plus un partisan du projet, qu’il qualifie d’“idée super saugrenue”. « La Super League va tuer le football de club africain. (…) Vous pouvez éteindre les lumières des ligues nationales », a-t-il averti.
Si le lancement de l’Africa Super League a été riche en promesses monétaires, il a manqué de détails, par exemple sur la source de financement, surtout après que la CAF a déclaré une perte de plus de 40 millions de dollars dans ses récents comptes audités. Des questions se posent également sur la manière dont la promotion et la relégation seront gérées, sur le sort de la Ligue des Champions, qui sera reléguée à un échelon inférieur dans la hiérarchie du football de clubs africain, ainsi que sur son impact sur le football national.
Au total, ce sont les 24 meilleurs clubs au dernier classement CAF issus de 16 pays africains répartis en trois zones géographiques de huit équipes (nord, centre-ouest et sud-est) qui prendront part à cette compétition. La sélection des participants est fondée sur les résultats obtenus dans les deux compétitions interclubs annuelles, à savoir la Ligue des champions et la Coupe de la CAF. Des clubs comme le Wydad Casablanca, champion d’Afrique en titre, le Raja Casablanca (Maroc), Al Ahly, Zamalek (Égypte), l’Espérance de Tunis (Tunisie), le Tout Puissant Mazembe (RDC) ou les Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud) devraient figurer parmi les élus.
La première saison se jouera d’août 2023 à mai 2024 et comprendra 197 matches. Après 14 journées (7 matches aller et 7 matches retour), les 5 meilleures équipes de chaque poule et le meilleur sixième tout groupe confondu rejoindront les huitièmes de finale durant lesquelles les clubs pourront affronter toutes les équipes quelle que soit leur zone. Les finalistes joueront 21 matches maximum. La grande finale est présenté par la CAF comme un « Super Bowl » africain, en référence à super finale du football américain devenue un événement planétaire. Par ailleurs, des matches de barrages éliminatoires se tiendront pour la relégation et la promotion.