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Après une première édition à Sotchi en 2019, la Russie a organisé à Saint-Pétersbourg un deuxième Sommet Russie-Afrique les 27 et 28 juillet 2023. Ce sommet, ayant rassemblé 49 pays africains, dont 17 chefs d’États, s’est déroulé dans un contexte où la Russie est de plus en plus isolée à la suite de la guerre avec l’Ukraine et où elle marque de plus en plus sa présence en Afrique d’un point de vue économique et sécuritaire. Alors, quels sont quelques chiffres relations économiques Russie-Afrique ? Que faut-il en retenir ?

La Russie est de plus en plus isolée de l’Europe et des Occidentaux. Ainsi, le pays de Vladimir Poutine qui appelle à la création d’un ordre mondial multipolaire, se rapproche davantage de l’Afrique. Si les actions du groupe privé paramilitaire russe Wagner sont bien connus en Libye, au Soudan, au Mozambique, au Mali et en Centrafrique, la Russie entretient avec l’Afrique une relation économique et sécuritaire.

Quelques chiffres

Les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique ont atteint 18 milliards de dollars en 2022. Ils touchent divers secteurs d’activités et divers produits sont concernés.

Céréales

Selon Pavel Kalmytchek, un haut responsable du ministère de l’Economie, environ 25% des exportations russes à destination de l’Afrique sont des livraisons de blé et de méteil (mélange de céréales). La Russie a abandonné en juillet l’accord qui permettait l’exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes par la mer Noire, y compris vers les pays d’Afrique. Face aux inquiétudes des pays africains, la Russie se présente comme alternative.  Vladimir Poutine propose « de remplacer les céréales ukrainiennes sur une base commerciale et sans frais ». pour lui,  « malgré les sanctions, la Russie continuera à travailler vigoureusement pour organiser l’approvisionnement en céréales, en nourriture, en engrais et plus encore vers l’Afrique »

Le pays a déjà exporté 11,5 millions de tonnes de céréales vers l’Afrique en 2022, et près de dix millions de tonnes supplémentaires au cours des six premiers mois de 2023.

Armement

 Les deux parties considèrent qu’il est nécessaire de renforcer les relations en matière de sécurité.

Les livraisons d’armes à l’Afrique représentent « 30 à 40% des exportations totales d’armes » russes annuelles, avait indiqué à l’été 2021 le directeur du Service russe de coopération militaire et technique, Dmitri Chougaïev. En 2019, M. Chougaïev avançait le chiffre de 14 milliards de dollars de commandes militaires pour l’Afrique. Moscou est par exemple, un important fournisseur d’armement de l’Algérie.

Energie

Le géant russe du secteur énergétique Rosatom a entamé en 2022, la construction de la première centrale égyptienne sur les bords de la Méditerranée pour une valeur de 25 milliards de dollars.  Aussi, la Russie voudrait exporter son concept de « centrale flottante » dans les pays africains. Bien plus, le groupe privé Loukoïl envisage de nombreux projets pétroliers sur le continent africain.

Selon le ministère de l’Economie russe, environ deux tiers des investissements de ce pays sur le continent africain sont consacrés à l’exploration et la production de pétrole et de gaz, mais aussi d’uranium, de diamants, de minerais et d’autres minéraux. Le pays de Poutine veut notamment renforcer sa coopération énergétique avec l’Algérie, suite aux sanctions européennes.

Ce pays-continent de 17075,5 mille kilomètres carrés propose à l’Afrique un soutien industriel, un soutien technique aux industries et à la fabrication.

La Russie reste un partenaire économique secondaire de l’Afrique

Lors du premier sommet Russie-Afrique en 2019, il était question de doubler les échanges Russie-Afrique (de 20 à 40 milliards de dollars en cinq ans). En 2023, nous sommes loin d’atteindre cet objectif. Les échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique sont à 18 milliards de dollars en 2022. La Russie contribue pour moins de 1% aux investissements directs étrangers (IDE) destinés à l’Afrique. Alors que la valeur du commerce africain avec l’Union européenne, la Chine et les États-Unis est respectivement de 295 milliards, 254 milliards et 65 milliards en dollars, le commerce avec la Russie est à 14 milliards de dollars. Pendant ce temps, la France reste le second investisseur étranger sur le continent en termes de stock d’IDE en 2021 avec 60 milliards de dollars, derrière le Royaume-Uni (65 milliards de dollars).

De son côté, l’Afrique n’exporte vers la Russie que 0,4% du total des exportations africaines et principalement des produits frais. En outre, seulement 4 pays africains (Egypte, Algérie, Maroc et Afrique du sud) représentent plus de 70% de son commerce avec l’Afrique.  C’est dire que les effets de la guerre avec Ukraine plombent l’économie russe y compris dans ses ambitions en Afrique.

L’Afrique doit tirer de bonnes leçons de la conjoncture actuelle

Pour parler comme le Général Charles de Gaulle, les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. En réalité, l’Afrique doit tirer les bonnes leçons du passé et du présent des relations internationales. La conjoncture actuelle est fortement marquée par la crise en Ukraine.  Ainsi, l’Afrique doit investir dans le secteur agro-alimentaire. Elle doit travailler à atteindre l’autosuffisance alimentaire sur le continent en définissant des moyens clairs d’y parvenir. Elle doit continuer à diversifier ses partenaires.  La coopération entre les pays d’Afrique doit aussi être privilégiée.  La bonne gouvernance doit cultivée. Le développement de l’Afrique viendra d’abord de l’Afrique.

Arnaud Noël FOSSO

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